La radio a toujours été une passion pour eux, mais pas un métier de tout repos. Ils sont exposés aux envies des auditeurs qui, «souvent, en demandent trop», nous dit cette animatrice sous couvert de l’anonymat. «Auditeurs bu nek akk sa bëg bëg, mais j’ai réponse à toute envie», lance-t-elle.
La radio est source de relations et de communication pour ces animateurs qui attirent par leur voix ou par leur physique. Et c’est là que se trouve le hic. C’est à leurs heures de travail que ces animateurs communiquent plus avec leurs fans, soit pour une discussion ou une dédicace. Mais, si certains appellent pour se faire entendre en direct, d’autres préfèrent dire Jël ma ci suuf pour parler de sujets plutôt personnels.
Appeler à la radio et passer hors antenne est un souhait que réalisent souvent les animateurs à la demande de certains auditeurs. Et nombreux sont les curieux qui s’interrogent sur ce qui se dit tout bas. Interpellée sur cette affaire, une animatrice d’une radio dakaroise bien connue témoigne : «Je reçois tous les jours des appels d’auditeurs qui me demandent de les prendre hors antenne. Mais, tout le monde n’a pas les mêmes idées en tête quand ils passent hors antenne. Certains appellent pour avoir mon numéro et ensuite ce sont les déclarations d’amour qui s’en suivent. D’autres appellent pour me féliciter et m’encourager», confie, l’animatrice.
Les encouragements et les félicitations ne justifient pas toujours la demande des auditeurs de parler hors antenne. Et cette animatrice compte parmi ses interlocuteurs des hommes religieux qui, selon elle, écoutent et apprécient son travail. «Un jour, j’ai reçu l’appel d’un dignitaire religieux. Ce dernier ne voulait pas que les gens sachent que c’était lui à l’antenne, alors il m’a demandé de le prendre hors antenne. C’est par la suite qu’il m’a expliqué qu’il voulait échapper au jugement des auditeurs qui peuvent s’en douter, et se demander ce que fait un dignitaire religieux dans une émission musicale», renchérit-elle.
Et l’objectif de l’appel, selon l’animatrice, était de la féliciter et lui faire savoir qu’elle rime bien avec son métier et l’encourager à persévérer. «Il m’est aussi arrivé d’avoir à l’antenne deux Ibadous. Elles ont préféré que je les prenne hors antenne pour qu’elles puissent demander une chanson, car leur statut religieux ne leur permet pas de le faire en ligne, à haute voix», ajoute-t-elle. Avant de terminer : «Il y a des Modou-Modou qui m’appellent, mais ne veulent pas être reconnus par leur parent qui peuvent croire qu’ils ne font rien qu’appeler ? J’échange avec n’importe quelle personne. Une fois, un auditeur m’a appelée en usant du fameux terme Jël ma ci suuf pour me demander mon numéro. Après que je lui ai donné satisfaction; il m’appelle et m’envoie 20.000 francs en guise de cadeau.»
Recevoir des encouragements, des déclarations d’amour ou avoir au bout du fil des chefs religieux, est devenu une routine dans le milieu de l’animation. Adulés par leurs auditeurs, certains animateurs sont conviés à communiquer leur numéro de téléphone.
Si certains appellent pour prendre des nouvelles ou offrir des cadeaux, d’autres coups de fil sollicitent une invitation voire un rendez-vous privé qui se termine parfois par une demande indécente. Nouvelle animatrice dans une radio de la place, cette jeune dame raconte sa mésaventure avec un vieil admirateur. «Un jour, j’ai donné mon numéro à un vieux. Il m’envoya beaucoup d’argent. Parfois, il m’envoyait des chèques de cent mille franc.
Un jour, il m’a invitée chez lui, je me suis dit que comme il était un vieux et qu’il m’encourageait souvent, ce serait ingrat de ma part de décliner son invitation. Alors, j’ai accepté et suis parti le rejoindre à son domicile», dixit l’animatrice. «Grande a été ma surprise lorsque le vieux a commencé à parler de choses vraiment pas décentes. Il me parlait de Th… Et m’a proposé de faire l’amour avec lui, en me rassurant que ce serait dans un appartement, à Sacré-Cœur, très discret et que je ne risquais pas d’être vue», confesse la jeune dame.