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"Il y a aujourd’hui au Sénégal un niveau de méchanceté très élevé, des commérages, une volonté de nuire à l’autre dans les relations interpersonnelles" (Djiby Diakhaté)


Rédigé le Lundi 7 Août 2017 à 11:06 | Lu 139 fois | 0 commentaire(s)



Les réseaux sociaux sont transformés en des lieux d’insultes par les Sénégalais. Chaque jour, des vidéos du genre sont postées sur le net. Le sociologue Djiby Diakhaté revient sur les faits qui ont engendré ce phénomène inquiétant.

Nous avons constaté une récurrence des dérives sur les réseaux sociaux. Qu’est-ce qui est à l’origine de ce phénomène inquiétant ?


"Il y a aujourd’hui au Sénégal un niveau de méchanceté très élevé, des commérages, une volonté de nuire à l’autre dans les relations interpersonnelles" (Djiby Diakhaté)

l y a la conjugaison de plusieurs facteurs. Le premier, c’est une méconnaissance des réseaux électroniques. Nous avons un niveau de maîtrise très faible des réseaux sociaux qui fait que, des fois, il y a eu des dérapages, des attitudes inadaptées lorsqu’on se meut dans ces territoires digitaux. 

  

Le deuxième facteur, c’est que l’électronique n’est qu’un outil. Ce qu’on y met renvoie à ce qu’on est comme être. Cela veut dire qu’il y a aujourd’hui au Sénégal dans les relations interpersonnelles, un niveau de méchanceté très élevé, des commérages, une volonté de nuire à l’autre pour se positionner.

  

La troisième chose, c’est la sanction communautaire qui devient, de moins en moins, réelle au Sénégal. Avant, quand on posait un acte, on se demandait ce qui va se passer. 

  

Maintenant, on a l’impression que ce contrôle communautaire s’est fragilisé et a tendance à disparaitre. Ce qui fait que l’individu peut s’adonner à faire certaines choses et après, ne reçoit de la part de la communauté aucune sanction. 

  

Autre chose qui me semble importante, c’est la famille. La cellule sociale de base qui doit développer chez l’individu des compétences de vie. C’est-à-dire comment vivre, ce qu’il faut faire, ce qu’il ne faut pas faire. 

  

 Il appartient à la famille de développer ces compétences chez l’individu. Après, l’école doit prendre le relais. Malheureusement, ces deux structures-là sont en train de ne plus s’acquitter de leurs missions. 

  

En outre, aujourd’hui, on a l’impression que c’est de nouveaux modèles qui sont en train de voir le jour. Le modèle, ce n’est plus le paysan honnête qui gagne sa vie à la sueur de son front. Aujourd’hui, ce sont des raccourcis qui sont utilisés pour réussir. 

  

Quelles sont les conséquences qui peuvent en découler ? 

  

Si on ne fait pas attention, c’est une situation qu’on ne contrôlera pas. Je pense que dans une société, on a besoin d’un consensus éthique minimal, des valeurs, des principes autour desquels on s’entend. Et, pour cela, il faut aller vers la constitution d’un projet de société partagé avec les Sénégalais. 

  

Ce qui fait qu’au-delà de nos nuances, de nos différences, de la contradiction, il y aura une matrice normative autour de laquelle on s’entend. Des valeurs sacrées auxquelles on s’accrocherait les uns les autres. La devise du Sénégal dit «Un peuple, un but, une foi». Mais, je crois que cette devise n’est que théorique, nominale. On doit aller dans le sens de lui donner son vrai contenu. 

  

Quelle analyse faites-vous des insultes et propos ethnicistes remarqués sur les réseaux sociaux ? 

  

C’est une dérive qu’il faut arrêter tout de suite parce qu’au Sénégal, nous avons une pluralité ethnique, une pluralité confessionnelle qui a toujours été gérée de manière intelligente et dans la paix. 

  

Donc, je crois que ces velléités d’ethnocentrisme devraient être l’objet d’une sanction à la mesure de ce dérapage. Parce que si on n'y prend garde, les attaques vont commencer. Et ça peut prendre des amplitudes plus conséquentes. 

  

Que faut-il faire pour mettre fin à ces dérives ? 

  

Je crois qu’il faut lutter contre l’impunité. Ceux qui s’adonnent à ces actes doivent être punis, quelles que soient leurs appartenances. La deuxième chose, c’est qu’il faut mettre l’accent sur l’éducation au niveau de la famille, l’éducation au niveau de la communauté, au niveau de l’école. 

  

Il ne faudrait pas aussi que les leaders aiguisent des considérations de ce genre. Parce des fois, on entend malheureusement dans leur discours et dans leur comportement, des attributs qui sont versés à ces choses. Les leaders devraient donner le bon exemple et éviter de s’engager dans ces genres de débat. 

  

Ce qui, entre autres, crée la stabilité interethnique, c’est les confessions. Parce que vous trouvez dans les religions, des gens qui appartiennent à des ethnies différentes mais qui coexistent en parfaite intelligence. Ce sont ces équilibres qu’il faut renforcer et que ce sont les élites. 

  

Aliou Diouf - Libération 

 
 


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