CHOIX 2 VIES : Hommage à Kader Diop de Soleil Levant


Rédigé le Jeudi 25 Mai 2017 à 13:32 | Lu 424 fois | 0 commentaire(s)




Ndiassé Ndiaye alias Mbaye « Dosé » se rappelle de son ami et frère Kader Diop. « Je vous ai amené ici dans le salon de la sœur à mon jumeau Kader une manière de lui rendre hommage. Je ne l’oublierai jamais et je prendrai soin de ses jumelles jusqu’à mon dernier souffle ».
Il revient sur son enfance, ses débuts, le succès de la série « Wiri-Wiri » et les scènes qui l’ont marqué et promet de revenir en force s’il y aura une deuxième saison de la série Wiri Wiri.

Le cœur gros, la voix grave, Ndiassé Ndiaye alias «Mbaye Dozé» a tenu à rendre un dernier hommage à son compagnon de toujours, Kader Diop, le comédien de la troupe «Soleil levant», décédé dimanche dernier. Un récit touchant. Bouleversant.

Kader est parti ! Mais il laisse derrière lui 3 orphelins : ses 2 filles et… son «jumeau», Ndiassé Ndiaye alias «Mbaye Dozé». «Ngalamo, Ngalamo» a plongé son ami et frère dans la plus grande solitude. Une solitude que «Mbaye Dozé» a, au bout du fil, essayé d’occulter. Car, pour lui son ami est toujours des nôtres. Son «jumeau» dont il parle toujours au présent, comme s’il se refusait à la funeste évidence.

Kader Diop n’est plus. Le comédien de 30 ans, décédé dans la nuit du samedi à dimanche, a fait sa dernière apparition comme invité du «ndogou» à la gargote «Chez Poté» sur la Tfm. Il y semait sa joie de vivre et son humour, traînant sa drépanocytose de type SS qui a chahuté toute sa vie. Jusqu’à lui ôter ce souffle qui faisait du fils de Diakhao (Thiès) un plaisant rayon du «Soleil Levant», la troupe d’Aladji Gora (Aziz Niane) et Sanekh (Cheikhou Guèye). La voix grave, «Mbaye Dozé» raconte l’aube d’une amitié qui a glissé jusqu’à une presque gémellité. «J’ai connu Kader depuis 1996, se remémore-t-il. Un jour, lui et sa bande de copains avaient organisé une soirée à Diakhao dont la cotisation était fixée à 500 francs Cfa. Mon frère qui fréquentait ce quartier avait déjà donné sa cotisation et comme il devait partir en vacances, je lui ai remboursé sa cotisation et suis parti à sa place.» Un soir de java, terreau fertile pour le compagnonnage allègre des deux joyeux drilles.

«Mbaye Dozé» étouffe un trémolo, marque une petite pause, puis reprend le fils de son aventure avec son «jumeau» : «C’est là-bas que j’ai connu Kader. Par la suite, de fortes relations se sont tissées entre nous. C’est grâce à Kader que je me suis lancé, en 2002, dans le théâtre. Il m’a précédé dans le métier et m’a permis de faire mes débuts dans l’art, en intégrant la troupe «Soleil levant juniors» sous la coupole de notre metteur en scène Aziz Niane alias «Aladji Gora». Ce dernier nous avait promis de nous produire et a tenu parole. Dans la pièce, Kader a tenu le rôle de «Ngalamo Ngalamo» et moi celui de Mbaye Dozé». Ensemble, ils poussent la porte de la célébrité. «Mbaye Dozé» en tête de gondole et Kader en soutier.

«Kader est mon complice, mon soutien, mon confident…»

«Avec Kader, poursuit Mbaye Dozé, j’ai partagé des moments extraordinaires, surtout quand j’ai quitté notre maison pour aller vivre chez lui. Un de ses grands frères, Mawo Cissé, vivait à l’époque à Dakar et donc c’est Kader et moi qui partagions sa chambre quand Mawo était absent. Pendant un an, je dormais sur le même lit que lui et l’on se partageait tous les secrets, ceux de nos vies professionnelles comme privées. Ces moments passés ensemble m’ont permis de mieux connaître l’homme qui était d’une générosité sans bornes. C’est un homme d’une grande dignité. Kader n’a vécu que de son art, il n’a jamais vécu aux crochets de quelqu’un. La chose qui m’a le plus marqué chez Kader, c’est que, malgré sa maladie, il se montrait toujours souriant, toujours prêt à se donner à fond pour apporter du plaisir aux gens. Il lui arrivait de me dire, dans nos échanges : «El Hadj, tout ce que je fais, c’est pour ma mère. Le seul rêve qui m’habite, c’est de construire une maison pour celle qui

n’hésite jamais à me conduire à l’hôpital quand je tombe malade, malgré son âge avancé».

Les «jumeaux» ont traversé ensemble les nuits paisibles comme les jours incertains, les aubes claires comme les soirs troubles. «Nous avons vécu de bons moments comme nous avons aussi galéré ensemble, témoigne Mbaye Dozé. Il nous arrivait de revenir d’une prestation sans avoir de quoi nous payer le dîner. Et à l’époque, certains de nos parents se mettaient à nous décourager de persévérer dans le théâtre. Dans ces moments de doute, Kader me remontait le moral en me disant de tenir bon et que ça irait un jour. Il nous arrivait d’aller loin en répétition et de marcher à l’aller comme au retour. Quand nous avons commencé à avoir du succès dans nos prestations, nous avons vécu de bons moments ensemble. Il nous arrivait de porter des habits confectionnés avec le même tissu, du basin « ganila »: Nous étions invités partout et ça nous changeait de ce que nous avions vécu auparavant.»
Des moments inoubliables, souvenirs marbrés d’une exceptionnelle complicité, qui habiteront «Mbaye Dozé» à vie. «Kader est mon complice, mon soutien, mon confident aussi bien dans la vie privée que professionnelle, dit-il, comme si son ami était encore de ce monde. C’est mon meilleur ami. Notre relation ne date pas d’aujourd’hui. C’est mon jumeau», lâche-t-il, avant d’observer un long silence.

«Je veillerai sur ses jumelles de 5 ans»

La drépanocytose, cette tueuse sournoise, finira par brisé leur belle histoire commune. «A la fin du tournage du sketch « Chez Poté »; il est parti à Touba et y a fait quatre jours révèle Mbaye Dozé. A la veille de la Korité, il est revenu avec ce qu’il qualifiait comme «un petit paludisme». C’est là qu’il a commencé à faiblir. La maladie a commencé à l’épuiser, on l’a emmené à l’hôpital (Amadou Sakhir Ndiéguène de Thiès). Il y a passé la nuit. Vers 8 heures, il est revenu chez lui. Quelques heures plus tard, les douleurs l’ont encore secoué. Il est retourné à l’hôpital. Samedi, jusqu’à 22 heures, j’étais à son chevet en compagnie de sa mère, son frère, sa sœur et un de ses amis du nom de Bada Ndiaye. Ce dernier l’a vu mourir vers 5h du matin», murmure-t-il, le souffle coupé.
Ce sera l’ultime au revoir de Kader à son jumeau. «C’est mon petit frère qui m’a annoncé cette horrible nouvelle. Il allait au travail lorsque le frère de Kader annonçait la nouvelle à leur oncle qui habite à quelques pas de chez moi. Comme il ne savait pas comment me le dire, il a demandé à mon frère de me l’annoncer. Et je suis sorti de chez moi en catastrophe, je n’avais ni chaussures ni tee-shirt, je n’avais que mon jean. Je ne pouvais accepter la nouvelle, c’était difficile de l’accepter. Par le passé, la drépanocytose, une maladie qui a déjà emporté ses quatre frères et une sœur, lui a fait des misères, mais il s’en relevait toujours. Son départ m’a beaucoup surpris», se larmoie-t-il.

En hommage à son ami défunt, «Mbaye Dozé» promet de veiller sur sa progéniture qui, depuis l’annonce du décès de papa, a comme basculé dans une sorte de vie. «Nous, ses amis, nous devons tout faire pour assister ses jumelles de 5 ans, Ndèye et Saly Diop. Je suis le premier sur la liste et je compte faire en sorte que les enfants de Kader ne manquent de rien. J’en fais un combat personnel. Si nous pouvons explorer d’autres moyens, par exemple ouvrir un compte bancaire au nom des enfants de Kader pour qu’elles puissent faire face à la vie, nous nous y attellerons. Ce geste est d’autant plus important que l’ex-épouse de Kader (ils avaient divorcé) est mon amie.» Une promesse à Ndèye et Saly ! Comme un bel hommage posthume à son «jumeau» ! Kader s’en est allé, mais il peut reposer tranquille ! «Mbaye Dozé» promet d’être son double sur terre.

SOURCE : L’OBS T. MARIE LOUISE NDIAYE

Auteur: lobservateur




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