Il a certes appelé à l’unité de ses responsables pour éliminer toute possibilité de listes parallèles qui avaient largement contribué à la défaite de Benno à Dakar. Il a rappelé les vertus de l’humilité à ses partisans dont l’arrogance a fait naître chez leurs concitoyens un sentiment de mépris ou de dégoût. Cependant, le chef de l’Etat n’est pas sur la bonne voie pour réitérer le coup de 2017, à savoir remporter les législatives à Dakar. Et ce, malgré les infrastructures réalisées dans la capitale sénégalaise. En effet, la tâche est plus compliquée que le président ne l’imagine. La menace de listes parallèles et de votes sanctions est plus que présente à Benno Bokk Yakaar. Les missions de réconciliation dépêchées dans les départements du pays n’ont pas encore produit les effets escomptés dans la plupart des localités visitées. Les responsables attendent davantage qu’un appel à la réconciliation pour remobiliser les troupes. Aux Parcelles assainies, localité qui compte près de 100 000 électeurs, donc déterminante pour la reconquête de Dakar, la situation est confuse. Elle est la même, sinon pire que celle qui avait prévalu en janvier dernier, facilitant la victoire de la coalition de l’opposition, Yewwi Askan Wi. Les divisions font fureur et ont commencé à miner la collecte des parrainages. Beaucoup de responsables préfèrent remettre leurs listes à Mimi Touré, la coordonnatrice nationale, écartant Amadou Ba, pourtant désigné responsable départemental par le président Macky Sall. Seuls 30 000 parrains auraient été collectés dans l’ensemble du département alors qu’une circonscription électorale comme Kaolack est à 100 000 parrains déjà versés. Le chef de l’Etat est même allé jusqu’à ironiser ce faible nombre en promettant de parrainer la liste de Dakar. De leur côté, les partisans de Moussa Sy ruminent leur défaite de janvier dernier et pointent un doigt accusateur sur Amadou Ba et ses partisans. Ceux-ci, croient-ils fermement, avaient voté contre la liste dirigée par leur leader au profit de l’opposition. Comment le président de l’Apr et de Benno Bokk Yakaar parviendra-t-il à réconcilier ses responsables ? Et il n’y a pas que ça. La principale tâche du chef de l’Etat est de parvenir à redonner espoir à ses cadres découragés par une décennie d’engagement sans récompense. Le président Macky Sall a édifié des infrastructures en oubliant les hommes qui l’ont mené au pouvoir, disent-ils en chœur. Les postes à pourvoir ont été partagés avec les transhumants venus en masse, depuis 2012, rallier l’Apr. L’exemple le plus patent est la commune des Parcelles assainies dont les cadres républicains attendent toujours d’être servis. Ils citent du bout des doigts le peu de responsables promus à des postes de responsabilités : Mbaye Ndiaye, ministre d’Etat sans portefeuille, Alioune Badara Diouf député, Mbathio Niakhasso, haute conseillère des collectivités territoriales, Moussa Sy, président de Conseil d’administration, Maimouna Cissokho directrice de la Case des Tous Petits. Pendant ce temps, un responsable de la majorité en visite à Podor, marquait sa surprise devant les nombreuses voitures de luxe stationnées par les responsables de l’Apr. C’est cela aussi, le régime de Macky Sall. Les parents et les proches sont grassement servis. À moins de deux ans de la fin de son mandat, le président Macky Sall devra faire plus que promettre des postes de députés pour redonner l’espoir à ses troupes.
Babacar Dione LII QUOTIDIEN
